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À Kortemark, la briqueterie Wienerberger et le transformateur de légumes Verduyn se sont associés pour aménager un bassin tampon de 40 à 60.000 m³. Wienerberger pompe 80.000 m³ d'eau par an de son argilière, dont l'entreprise n'utilise qu'un quart voire un tiers. Dans le même temps, l’entreprise voisine Verduyn a besoin de plus d'eau qu'elle n'en reçoit du ciel. Cinq agriculteurs se sont également liés à ce projet.
"Cela me fait mal au cœur de voir de l'eau douce de parfaite qualité s'écouler dans la mer, où elle sera perdue sans avoir été utilisée", déclare Daniël Verduyn. Pendant 40 ans, Daniël a été CEO du Groupe Verduyn et a fait de celui-ci, avec sa femme Rita et leurs trois enfants, le producteur et transformateur de légumes frais qu’il est aujourd’hui. Verduyn dispose déjà d'une grande installation de stockage d'eau de pluie, mais celle-ci s’avère cependant insuffisante pour couvrir ses besoins futurs. Certains procédés de production nécessitent en outre une qualité d’eau potable.
À proximité, la briqueterie Wienerberger pompe 80.000 m³ d’eau par an de son argilière. "Afin d'extraire l'argile au sec, nous pompons l'eau de la carrière toute l'année. Il s'agit d'un mélange d'eau de pluie et d'eau souterraine", explique Jan Vanmeirhaeghe, coordinateur environnemental chez Wienerberger. "Cela se fait le plus souvent lors des périodes hivernales humides, lorsqu'il y a davantage de précipitations et moins d'évaporation en raison du froid. Actuellement, nous recueillons une partie de cette eau dans un étang pour notre propre usage. Mais nous avons seulement besoin de 25.000 m³ par an pour la production, soit un quart voire un tiers de la quantité totale pompée. Les trois-quarts s'écoulent donc vers les cours d'eau. Un péché, quand on pense que de très nombreux secteurs font face depuis des années à des pénuries d'eau durant les étés secs.
"Aujourd'hui, les trois-quarts de notre eau s'écoulent vers les cours d’eau. Un péché, car de très nombreux secteurs font face à des pénuries d'eau." Jan Vanmeirhaeghe, Wienerberger
En bons voisins, Verduyn et Wienerberger ont accordé leurs violons. "Nous nous sommes réunis lorsque nous avons entendu parler de l’initiative Proeftuinen Droogte (des jardins expérimentaux pour lutter contre la sécheresse, ndt.)", explique Daniël Verduyn. "Il s'agit d'un appel à soutenir des projets collaboratifs pour une meilleure utilisation de l'eau, lancé par la VMM, l'Agence flamande de l'Environnement. De plus, cinq agriculteurs de la région étaient immédiatement disposés à se joindre au projet." Dans celui-ci ont été impliqués deux partenaires de soutien, à savoir Inagro, l'agence provinciale pour le conseil et la recherche dans le secteur agricole et horticole, et le Vlakwa, le Centre flamand de connaissances sur l'eau (cf. encadré).
L’initiative Proeftuinen Droogte fait partie du Blue Deal, le programme avec lequel le gouvernement flamand entend lutter contre la pénurie d'eau et la sécheresse. Ce Blue Deal flamand comprend désormais plus de 400 projets visant à réduire les revêtements, accroître la réhumidification et maximiser l’utilisation d’eau circulaire. Parmi ceux-ci, 32 concernent des jardins expérimentaux dans lesquels entreprises et organisations collaborent de manière innovante pour lutter contre la pénurie d'eau. Fin 2021, le projet concernant Kortemark, intitulé 'Eau de carrière pour l'agriculture et l'industrie', a bénéficié d’un subside de 345.000 euros. Permettant de couvrir plus de la moitié de l'investissement prévu, chiffré à 680.000 euros. Même si le coût réel sera probablement plus élevé en raison de l'inflation.
Jan Vanmeirheghe: "Nous prévoyons l’aménagement d'un bassin tampon d'une capacité de stockage de 40 à 60.000 m³. Conformément aux conditions liées au subside octroyé, sa réalisation devrait s’effectuer d’ici 2026. Nous essayons d’obtenir une parcelle de deux hectares dans la zone qui sépare Verduyn et Wienerberger. Nous relierons ensuite ce bassin tampon à un réseau de canalisations pour acheminer l’eau chez les agriculteurs participant au projet." Daniël Verduyn: "Environ la moitié de l'eau de carrière collectée compensera notre futur déficit d'eau de pluie. Un traitement supplémentaire nous permettra d’obtenir une qualité d’eau potable. Le reste de l’eau sera utilisé par les agriculteurs pour l'arrosage."
En outre, Verduyn et Wienerberger tendront la main à une nouvelle zone industrielle qui verra bientôt le jour.
Le bassin tampon pourra alors être éventuellement agrandi et servira à collecter l'eau de pluie excédentaire de cette dernière. L'un des investisseurs de cette nouvelle zone industrielle n’est autre que l'entreprise de travaux d’infrastructure et de terrassement Devagro de Desselgem. Son directeur Ignace Degezelle apportera son expertise au projet d’utilisation de l'eau de carrière. "Nous possédons l’expérience nécessaire dans l’aménagement de tels bassins tampons. De plus, nous voulons rendre notre zone industrielle autosuffisante en eau et en énergie."
Le projet d'utilisation de l’eau de carrière s'inscrit dans les efforts fournis par Wienerberger en matière de biodiversité, production circulaire et réduction des émissions de CO2. "Cela fait des décennies que nous ne rejetons plus d'eaux usées industrielles. À côté de cela, nous avons démarré l’an dernier une ligne de production de plaquettes de brique neutre en CO2", ajoute Jan Vanmeirhaeghe. L’innovation durable constitue également la devise de Daniël Verduyn: "La production de nos légumes n’entraîne plus la moindre perte d’eau. De plus, nous utilisons 2,5 hectares de panneaux solaires et réduisons l'utilisation de pesticides de 30% dans nos activités de culture. Si les entreprises qui collaborent dans le cadre de ce projet veulent encore exister dans dix ans, il faudra qu’elles deviennent encore plus écologiques. Nous avons appris que la commune de Kortemark considère d’ores et déjà notre projet comme positif."
Vlakwa, le Centre flamand de connaissances sur l'eau a décidé de soutenir le projet de Wienerberger et Verduyn. "Il est dommage de laisser toute cette eau pompée dans la carrière s'écouler vers la mer. Partout, il faut essayer de retenir et utiliser l'eau le plus localement possible. Car, en fait, il tombe en un an assez d’eau de pluie pour une année complète", explique Charlotte Boeckaert, innovatrice dans le domaine de l'eau.
"Le projet de Kortemark constitue un magnifique exemple de la façon dont différents acteurs peuvent collaborer." Charlotte Boeckaert, innovatrice dans le domaine de l'eau au Vlakwa
"Je suis ce projet de près et espère qu'il sera couronné de succès, car la succession d'étés secs ces dernières années a réveillé la conscience des gens."
Inagro: "Chaque projet est différent"
Le second partenaire soutenant le projet n’est autre qu’Inagro, l'agence externe indépendante de la province de Flandre occidentale pour le conseil et la recherche dans le secteur agricole et horticole. "Dans le passé, nous avons souvent supervisé des projets visant à mettre de l’eau à la disposition d'entreprises agricoles et horticoles", explique Dries Mergaert, courtier en eau. "Avec le Vlakwa, nous avons introduit le dossier de subventionnement et procédé à une première estimation des investissements. À côté de cela, nous coordonnons aussi les parties du projet n’entrant pas en ligne de compte pour un subside de la part de l’initiative Proeftuinen Droogte." La réalisation effective du bassin tampon n'est pas pour demain. "Nous avons beaucoup appris des précédents projets à succès de l'entreprise de légumes surgelés Ardo et de la coopérative Inero, mais chaque projet est différent, en termes de financement et d'urbanisme par exemple."
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