Une seconde vie pour les tuiles en terre cuite sous la forme de blocs treillis

Les flux résiduels issus de la démolition des bâtiments sont déjà très souvent recyclés de nos jours: les gravats de brique sont utilisés comme matériau de base pour la construction de (sous-)fondations destinées à la construction de voiries, par exemple. Il s'agit ici d'une forme de downcycling ou dévalorisation, car les matériaux sont utilisés pour des applications de moindre valeur par rapport à leur application initiale. Il ne doit cependant pas nécessairement en aller ainsi pour les matériaux de construction en terre cuite. "Les matériaux en terre cuite en fin de vie sont parfaitement réutilisable comme matière première pour produire de nouveaux produits en terre cuite. Chez Wienerberger, nous recyclons déjà les flux résiduels de cuisson et les gravats de brique de nos usines en nouveaux produits. À condition toutefois que ces gravats de brique soient purs. Ce qui ne pose aucun problème pour nos propres flux résiduels. Il en va par contre autrement lorsque nous voulons utiliser comme matière première des gravats issus de chantiers de démolition. Ceux-ci peuvent en effet renfermer toutes sortes de déchets, comme par exemple des résidus de béton ou de plâtre. De nombreuses recherches sont actuellement menées afin de permettre l’utilisation de cette nouvelle source de matières premières dans les processus de production. Parmi lesquelles le projet ‘Démolition et recyclage basés sur des données’, qui s’inscrit dans le Green Deal Construction Circulaire, et soutenu par Vlaanderen Circulair. En collaboration avec Tracimat et trois autres fabricants de matériaux de construction, Wienerberger étudie comment collecter efficacement les gravats des chantiers de démolition et recycler ceux-ci sur ses sites de production", explique Armelle Windels, product manager.

Formation et perfectionnement

En tant qu'organisme flamand de gestion des matériaux de démolition, Tracimat se charge d'organiser les plans de suivi des démolitions et d’inventorier les chantiers de démolition. Mais aussi de délivrer les attestations et permis nécessaires ainsi que de former des experts en démolition. Dans sa base de données, Tracimat collecte de nombreuses informations sur les matériaux provenant des chantiers de démolition. En servant de lien entre les chantiers de démolition et les fabricants les gravats de construction peuvent être recyclés de façon qualitative. "Mais il faut trouver la bonne adéquation. Et ce n’est pas encore le cas aujourd’hui parce que la démolition sélective n'était pas une pratique courante auparavant et parce que la base de données ne fournit pas encore les informations détaillées nécessaires. Tel est précisément l’objectif de ce partenariat: d’une part inculquer aux experts en démolition et aux entrepreneurs en démolition les critères d'acceptation nécessaires et les points d’attention appliqués par les fabricants pour recycler les matériaux de façon qualitative. Ce que nous avons fait par le biais d’une formation visant à leur fournir les connaissances nécessaires sur les produits. À côté de cela, nous avons élaboré un arbre décisionnel pour aider les experts à analyser si un matériau de construction se prête à l’urban mining pour en faire une nouvelle matière première.

D'autre part, la base de données Tracimat a été enrichie des données nécessaires pour mieux comprendre la logistique des matériaux issus de chantiers de démolition. Les matériaux en terre cuite ne sont désormais plus désignés comme un seul et même groupe par exemple, mais sont scindés en tuiles de terre cuite et briques. Cela nous permet de mieux évaluer si une fraction de matériaux de démolition pourra être utilisée dans le processus de production.

Preuve de concept

Grâce à ces ajustements, les partenaires du projet ‘Démolition et recyclage basés sur des données’ se rapprochent de l'adéquation entre l'offre et la demande en matière d’urban mining. L'objectif final consiste à établir une preuve de concept qui montrera comment la collaboration, la collecte et le partage d'informations ainsi que l’harmonisation au sein de la chaîne pourront se traduire par un recyclage ou une réutilisation plus qualitative.

Plusieurs projets pratiques doivent contribuer à établir cette preuve de concept. Dans ce cadre, Wienerberger mène deux projets pilotes concrets. Tous deux impliquent la démolition sélective de toitures couvertes de tuiles en terre cuite. L’un est en cours à Turnhout, l’autre à Middelkerke. Les tuiles en terre cuite sont collectées dans un conteneur et évacuées vers le site de production de Wienerberger le plus proche, soit respectivement Beerse et Zonnebeke. Où elles sont broyées et nettoyées afin de servir de matière première neuve pour la production de blocs treillis. "Les tuiles sont intéressantes à collecter car il s’agit du flux résiduel le plus pur pouvant actuellement être récupéré. Surtout pour les toits où a été appliquée une sous-toiture contenant de l’amiante et où les tuiles doivent donc être retirées à la main ou/et de manière sélective. Afin de stimuler la collecte de ces tuiles en terre cuite, nous mettons actuellement en place des collaborations ciblées avec les couvreurs proches de nos sites de production de Zonnebeke et de Beerse. Nous aspirons ainsi à un afflux continu de petits chantiers. Et lorsque se présente un projet de rénovation urbaine avec des volumes plus importants, nous étudions comment organiser plus efficacement la collecte de ceux-ci au niveau logistique", conclut Armelle Windels.

A travers ces premières actions, Wienerberger affiche très concrètement son ambition de contribuer à un secteur de la construction circulaire.